Présentation de l'auteur (suite) - LA RENCONTRE -

RENCONTRE - Le jeune romancier Alexandre Schoedler évoque dans son premier roman le Codex Deus, sa passion pour les mythes,les aventures ,les voyages,loin des «poncifs mécaniques du genre».

Qu'est-ce que raconte ALEXANDRE SCHOEDLER dans son premier livre? «Les mystères et énigmes de l'histoire révélés depuis l'antiquité à nos jours», précise l'écrivain fort de son premier succès littéraire, de passage à Cannes dans le courant du mois de Janvier. Bon, d'accord. Mais qu'est-ce que ça raconte? «Il ne faut pas nécessairement tout lire, mais la structure narrative du roman commercial doit être prise au sérieux. C'est inspiré par les classiques. La littérature populaire manque souvent de style, mais ces écrivains savent raconter des histoires.» Nous voilà donc introduits dans le Codex Deus ce livre mystérieux qui ressemble à un ovni littéraire. «Il y a une grande puissance narrative dans Le Codex Deus, avait précisé de son coté l'ex Président Nicolas Sarkozy dans une lettre personnelle à l'auteur en 2011. «Cette grande narrativité, c'est quand même un art!»

C'est vrai. Et l'on pense ici à Don Quichotte, écrit par Cervantès à un moment de son existence où il cherchait à vendre des livres et à gagner beaucoup d'argent. «Mais votre réflexion est ici typiquement française, corrige le je. Vous vune prodige. Vous posez trop de questions sur ce qu'est et ce que n'est pas une œuvre d'art. Pourquoi les écrivains ne savent-ils plus raconter des histoires? Pourquoi les comiques ne nous font-ils plus rire? C'est ça la seule question qu'il faut vous poser. Ce que nous avons perdu aujourd'hui, c'est à la fois le rythme et l'allure. D'un livre à l'autre, je n'ai pas marché du même pas. Dans Dark Secrets,le prix du sang, j'ai adopté le style d'un récit écrit par un survivant d'un massacre il est à la fois témoin et accusé et dans Soleil de Minuit à Alexandrie, j'ai changé de style,car c'est une nouvelle. Il faut se libérer des poncifs mécaniques.»

Leçon d'écriture, leçon de style. Peu à peu, l'ambiance se détend. Nous discutons des écrivains que nous aimons: Aristote (Poétique), Machiavel (Le Prince) et Simenon (ses 400 romans). «Ce qui est fascinant, chez Simenon, c'est qu'on peut en couper la moitié, la moitié restante reste extraordinaire, estime le romancier français. On ne peut pas en dire autant de La Chartreuse de Parme ou du Rouge et le Noir. Si on en coupe la moitié, qu'est-ce qu'il en reste?Du fard!»

Le génie est un mystère

La vraie question, c'est quand même «qu'est ce qu'il restera de ce qui se vit et se produit aujourd'hui». «Ne posez pas cette question… C'est impossible de parler du présent. Il se trouve peut-être que vous venez de croiser dans la rue le plus grand artiste vivant contemporain, que vous ne l'avez pas remarqué et que vous ne le remarquerez jamais… Pensez à Balzac… Il a fallu attendre Lawrence et Truman Capote pour qu'on avoue enfin qu'il avait tout vu et tout compris sur le monde moderne.»

La leçon du «jeune romancier» est claire. Le génie est un mystère. Et le temps n'existe pas pour les artistes. «J'ai fini de lire hier soir Le Nom de la Rose, d'Umberto Ecco. Ça, c'est pour moi un grand roman contemporain !» Et la politique, on en parle un petit peu? Il se passe quand même des choses, dans l'instant, France «Non, n'en parlons pas.» Vraiment, vous ne croyez pas que c'est le destin qui nous guette, ici même, en France? «Peut-être.» Bon, alors passons à autre chose.Vous me parliez d'un projet sur Pasolini? «Il était un grand critique, avec de l'énergie, le goût de la vérité.Je compte écrire une nouvelle sur lui et d'autres figures politiques,artistiques et autres,des fois il faut casser le moule pour voir ce qui reste de vrai après avoir enlevé le superflu.

«Vu comme ça, vous avez peut-être raison...»

Merci Alexandre Schoedler.

Et Umberto Ecco,pour ce crossover.

Codex Deus (Réédition) et Dark Secrets,le Prix du Sang d'Alexandre Schoedler,aux Editions Crépin Leblond et aux Editions Sudarènes,240p et 238 p., 18,50 €. 18.00 €